Anne Gros a un sacré caractère. Il émane d’elle une puissance, une intelligence, une certitude un peu intimidantes et admirables. Autant de qualités nécessaires à l’ambition de perfection qui est la sienne.
Parce qu’Anne Gros est une légende. Une grande vigneronne.
Elle est née en 1966 et a repris le domaine familial de 6 ha 50 à Vosne-Romanée en 1988. Elle a dû lutter, s’imposer, démontrer qu’être une femme est une force avant tout, jusqu’à mener la propriété au firmament des grands bourgognes de la Côte de Nuits.
Dans les années 2000, Anne s’est lancée avec son mari Jean-Paul Tollot dans le développement d’un domaine commun dans le Minervois, à Cazelles, où ils produisent maintenant des vins du Sud, mais au profil bourguignon, c-à-d. élégants et digestes.
A Vosne, c’est sa fille, Julie, qui l’a rejointe. La relève est assurée, en une pérennité féminine qui paraît évidente, naturelle.
Les vins d’Anne parlent pour elle, pas besoin d’en rajouter. Ils sont précis, vinifiés avec rigueur et talent, ça on le sait. Mais ils ont aussi ce fameux « truc en plus », cette dimension presque spirituelle qui rend les vins uniques, qui en fait des œuvres d’art, un retable, un poème, un concerto. Cette dimension qui rend les vins profondément émouvants et inoubliables.
La patte d’Anne Gros, c’est cette impression, en goûtant son Richebourg, par exemple, de pénétrer dans une cathédrale dont la voûte se perd si haut au-dessus de nos têtes qu’elle nous dépasse et nous donne le vertige. On parcourt le vin comme on parcourt les travées, à la découverte des chapelles dissimulées, des autels finement ouvragés, on arrive sous la nef, et c’est l’explosion de grandeur et de beauté.
Les vins d’Anne Gros ne sont pas seulement bons. Ils sont beaux.